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Un Sénégalais vivant en France met en ligne ce que lui inspirent le Sénégal, l'Afrique, la France et le monde d'aujourd'hui. Ces pages se veulent aussi un lieu d'information sur tout ce qui touche de près ou de loin l'Afrique et les Africains. En bien. En moins bien !

Soyez les bienvenus dans cet espace d'échanges libres que j'espère bénéfiques pour le Sénégal et l'Afrique toute entière. Merci d'avance de votre participation.
Bonne lecture !

 

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10 mai 2013 5 10 /05 /mai /2013 22:00

chaine-brisee.jpgCe vendredi 10 mai 2013, la France a célébré la Journée Nationale des Mémoires de la Traite, de l’Esclavage et de leurs abolitions. À cette occasion, le président François Hollande a prononcé au Jardin du Luxembourg à Paris un discours pour marquer l’évènement.

Après avoir rappelé que depuis la Loi Taubira (du nom de l’actuelle Garde des Sceaux, ministre de la Justice) adoptée par le Sénat le 10 mai 2001, « la République reconnaissait la réalité de l’esclavage et la considérait comme un crime contre l’humanité », le président Hollande a précisé qu’il a « tenu le 12 octobre 2012 à rendre hommage à ces victimes sur l’Ile de Gorée, à la Maison des Esclaves ». Il s’est, dit-il, « incliné au nom de la France, en souvenir de ces êtres humains qui entendaient le rester face à ceux qui ne l’étaient déjà plus. »

Il est clair que depuis quelques années, les Autorités françaises ont pris la mesure de l’urgence du devoir de mémoire en ce qui concerne la Traite négrière et l’esclavage des populations noires. La loi Taubira, la Journée dédiée depuis 2006, la présence des plus hautes autorités (Chirac, Sarkozy et Hollande se sont tous rendus aux cérémonies organisées ces dernières années) en témoignent. C’est important. Mais en ce vendredi 10 mai 2013, où en sommes-nous ? Où en sont les Noirs ? Que sont devenus les descendants de ceux qui ont été réduits à l’état de bêtes de somme ? Que sont devenus les descendants de ceux, Noirs aussi, qui ont vendu aux esclavagistes leurs frères et sœurs ? Quelle est la place de l’Homme noir aujourd’hui sur cette Terre que nous partageons avec d’autres ? Avons-nous prolongé le combat des Césaire, Senghor, Gontran-Damas, Alioune Diop et d’autres ?

Que de questions me direz-vous ! Certes. Mais, me semble-t-il, quand on se remémore des périodes aussi douloureuses que cet ignoble commerce qu’a été la Traite Négrière, il faut que cela serve à avancer. Et à avancer vers la lumière, non vers les ténèbres. Alors posons-nous toutes ces questions. Quitte à ne pas trouver les bonnes réponses dans l’immédiat. Il sera toujours temps. La traite a duré quelques siècles. Alors pour les réponses, ne soyons pas trop pressés !

Même si les réponses sont loin d’être simples, un constat s’impose : le présent de l’Homme noir n’est pas brillant. Et c’est un euphémisme ! Son avenir le sera-t-il ? J’ai envie de dire : cela dépendra de lui ! En effet, même si son histoire ne peut laisser indemne, il n’a pas le choix : une révolution culturelle, afin de se débarrasser définitivement d’une certaine mentalité, s’impose.Hollande-10-mai-2013-2.jpg

Je parle de révolution culturelle parce que, me semble-t-il, la Traite et l’autre cauchemar qui a suivi, la colonisation du continent noir, ont laissé durablement dans la tête des protagonistes (Blancs d’un côté et Noirs de l’autre) des complexes qui ont des conséquences encore aujourd’hui. Le président Hollande a dit, lors de son discours du vendredi 10 mai 2013 : « si l’esclavage a disparu en France, la haine, le mépris qui l’ont rendu possible, sont, eux, toujours là ! » et d’ajouter, citant Aimé Césaire : « le racisme est là. Il n’est pas mort ». Oui, la bête immonde bouge encore.

En effet, pourquoi le racisme perdure ? Pourquoi la haine liée à la couleur de la peau va jusqu’à tuer ? Pas seulement parce que l’immigré noir vient « enlever le pain de la bouche » du pauvre Blanc qui a travaillé si dur pour offrir une vie descente à ses enfants. C’est tellement réducteur ! Non il me semble qu’il y a des raisons plus profondes. Il faut remonter quelques siècles en arrière.

La première chose que fait l’esclavagiste en réduisant l’homme noir à l’état d’esclave, c’est d’abord de lui nier toute humanité. C’est indispensable pour lui. Parce qu’il est impossible de traiter un être humain comme a été traité l’homme noir si on lui reconnaît la moindre part d’humanité. Alors on le nie en tant qu’être humain. On le ravale au rang d’animal, de bête sauvage qu’on a apprivoisée. Alors c’est plus facile. Plus facile de le soupeser, de lui ouvrir la bouche pour regarder sa dentition. Plus facile d’examiner les « femelles » pour savoir si l’on peut être optimiste quant à leur capacité de produire beaucoup de « négrillons ». Plus facile de sélectionner des reproducteurs pour étoffer le troupeau. Oui, c’est plus facile quand on nie l’humanité du Noir.

Et cela laisse des traces dans les têtes. Des deux côtés. Le vaincu, le Noir, mettra du temps à se débarrasser de sa condition de dominé, de terrassé, de battu. Il sait qu’il a été asservi. Euh… pas lui, son arrière-grand-père. Mais c’est tout comme. Par moment, il pense même que cela peut recommencer. D’ailleurs, l’affaire dite des « enfants réunionnais de la Creuse » peut participer de cette inquiétude. Ce qu’il voit aujourd’hui ne le rassure pas. Les siens, non plus,  ne le rassurent pas.

Le vainqueur, le Blanc, lui n’a aucun doute. Il est le plus fort. Il a gagné sur toute la ligne. Il a écrasé l’autre, il l’a réduit au silence, à l’obéissance. Il l’a asservi. Et quand il a fini, il lui a pris ces ressources minières, alimentaires etc. Il est sûr de sa force. Et il lui est difficile d’admettre que l’autre, en face, est son égal. La question de l’altérité se pose…

Nous sommes en mai 2013. Au 21ème siècle. Et ce que je décris plus haut vous semble à jamais révolu. Et pourtant…

Si aujourd’hui, il ne vient à l’esprit d’aucun être humain responsable de défendre la supériorité d’un groupe humain sur un autre, il faut malheureusement constater que les « damnés de la terre », comme les appelait Frantz Fanon, sont surreprésentés dans la population noire. Les victimes d’actes racistes sont légions dans les communautés noires. Et partout sur cette terre. Et je prétends que les passages à l’acte trouvent leur origine dans le type de complexe de supériorité et d’infériorité que je décrivais plus haut. Parce que, j’en ai la conviction, certains esprits simples, ont encore cette vision caricaturale de leur supériorité supposée. Sinon pourquoi dans certains pays du Maghreb, la seule vue d’un Noir sur le trottoir d’en face fait que certaines personnes crachent par terre ? De dégoût ? Pourquoi, en Russie, de jeunes Noirs se font tirer comme des lapins ? Pourquoi certains « supporters » italiens de football poussent des cris de singe lorsqu’un joueur noir a le ballon ? Pourquoi dans cette même Italie, la nomination au gouvernement Letta d’une femme noire, Mme Cécile Kyenge, libère une parole haineuse et inacceptable ? Pourquoi, en France, certains hommes politiques d’envergure nationale ont expliqué tranquillement que l’intégration des étrangers marchait tant que c’était des Espagnols, des Italiens ou des Polonais (alors qu’ils ont été traités de Ritals et de Polaks par certains) qui étaient les immigrés et que la machine s’est grippée quand il a fallu accueillir des « non européens » (suivez mon regard) avec l’approbation d’une partie non négligeable de la population ? Il me semble que si nous assistons à tout cela, c’est que quelque part les horreurs passées ont laissé des traces durables et néfastes. Et pas que chez les bourreaux. Aujourd’hui, certains Africains sont convaincus que le continent noir ne se sortira jamais de son état d’indigence actuel. Il faut combattre cela. Vigoureusement. D’autant plus vigoureusement que ce désespoir pousse aux pires extrémités la partie la plus prometteuse de l’Afrique : sa jeunesse. Et cela se fait par l’Éducation. « Décoloniser les esprits » disait quelqu’un. Moi j’ajouterai « redonner confiance et détermination, fierté et ambition ». Osons penser au meilleur, bannissons le pire de nos esprits. Apprenons au plus grand nombre d’enfants à considérer l’autre comme eux-mêmes. On ne naît pas raciste, on le devient.

Oui, une révolution culturelle, celle des mentalités est nécessaire. Pour se débarrasser des complexes hérités de cette horrible phase de l’évolution humaine qu’ont été la Traite négrière et l’esclavage. Chacun d’entre nous doit y contribuer. Que l’on soit Noir, Blanc ou autre. C’est indispensable. Je n’ai pas beaucoup de certitudes sur l’humanité, mais il y en a une qui s’impose à moi : nous sommes condamnés à vivre ensemble. Alors faisons tout pour que ce vivre-ensemble soit le plus agréable possible et le plus bénéfique pour tous.

 

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24 août 2012 5 24 /08 /août /2012 15:57

Jean-Luc-Delarue.jpgNous avons appris ce matin la mort, dans la nuit du jeudi 23 au vendredi 24 juillet 2012, de l'animateur de radio puis de télévision Jean-Luc Delarue. Il avait juste 48 ans. Cet homme a marqué la télévision française des années 90 et 2000. C'est sûr. Mais surtout les téléspectateurs, dont je suis, qui l'ont suivi pendant toutes ces années. Et c'est à ce titre que je voudrais lui rendre hommage.

Ce parcours singulier dans le monde médiatique avec son ascension fulgurante et la descente aux enfers qui lui a succédé dit quelque chose du monde dans lequel nous vivons. Parce qu'il était exigent avec lui-même, qu'il travaillait énormément (les professionnels qui l'ont côtoyé en témoignent depuis l'annonce de son décès) et qu'il cherchait dans chaque concept d'émission  à atteindre le meilleur de ce qu'on pouvait donner, il a fini par se consumer. La drogue en a été l'illustration la plus visible après son arrestation très médiatisée. Ce qu'il a fait ensuite, cette tournée des écoles pour expliquer aux plus jeunes les ravages que peut causer l'usage de stupéfiants, m'a beaucoup ému. Ému parce qu'il m'a semblé sincère dans sa démarche. Sincère aussi lorsqu'il a organisé cette conférence de presse pour annoncer qu'il était atteint d'un cancer de l'estomac et du péritoine. Cette terrible maladie qui a fini par l'emporter la nuit dernière.

Au delà des polémiques qui ont jalonné les dernières années de sa vie, je veux juste retenir son talent. Un vrai talent ! Les émissions où il traitait de problèmes de société pouvaient devenir indécentes si elles étaient présentées par quelqu'un qui n'avait pas son talent. Ce talent c'était sa formidable capacité à être en empathie avec ses invités. A les mettre en confiance. A créer du lien. Juste pour cela, je te dis merci Jean-Luc. Repose en paix.

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12 novembre 2011 6 12 /11 /novembre /2011 10:27

Cette semaine a été très agitée dans les milieux politiques et économiques français. La raison de cette agitation : l’agence de notation Standard And Poor’s a envoyé, « par erreur », à certains de ses abonnés un message d’alerte indiquant que la note de la France a été dégradée (downgrading dans la langue de Shakespeare). Cette note est actuellement AAA, la plus haute possible pour la dette d’un état.

 

La diffusion de cette information par les média a mis dans tous ses états la classe politique. D’abord ceux qui nous gouvernent, ensuite ceux qui tentent de prendre leur place. Dans un second temps, on a vu défiler sur les plateaux des chaînes de télévisions toutes sortes d’experts en questions économiques afin de « décrypter » pour les pauvres ignorants que nous sommes les enjeux de cette situation. Comme tout le monde, j’ai essayé de comprendre ce qui venait de se passer.

Que signifie cette note AAA de la France ?

La première question qu’on peut se poser est : que signifie cette note AAA de la France ? J’ai appris alors qu’il y a quelques agences dites de notation, Standard and Poor’s, Moody’s, Fitch Rating etc., qui évaluent constamment et donnent des notes à des entreprises, des collectivités, des Etats. L’évaluation portant sur leur capacité à rembourser leurs dettes, le niveau de risque auquel on s’expose en leur prêtant de l’argent. Ces notes prennent évidemment des aspects abscons : AAA, AA+, A2+ etc. Sûrement pour que le commun des mortels n’y comprenne rien. On a cependant vite compris que pour la France, la note était bonne. Heureusement, la deuxième puissance économique européenne ne pouvait espérer moins.

Plus de 1600 milliards d’euros 

Deuxième question : Pourquoi une baisse de cette note est si difficile à supporter, voire catastrophique pour nos gouvernants ? Parce que, nous expliquent les experts convoqués par les chaînes de télévision, la France serait obligée d’emprunter à des taux plus élevés, la confiance des banques baissant… Et d’explications en décryptages, le Français moyen assis confortablement dans son fauteuil comprend que derrière toute cette agitation, il y a la grande peur de tomber dans la situation des Grecs. Eh oui ! Le schéma est le même : l’État s’endette énormément, pour faire face aux charges il emprunte pendant qu’il rembourse et que les intérêts de la dette courent. Tant que la confiance règne, le système continue et la dette atteint des sommets. Pour la France la dette est de plus de 1600 milliards d’euros actuellement, soit plus de 84 % du PIB de la France ! Rien que pour les intérêts, au taux actuel d’un peu plus de 3 % (qui augmentera si la note est abaissée), la France rembourse plus de 48 milliards d’euros par an ! Hallucinant ! Tout d’un coup, on comprend pourquoi, le ministre français de l’économie, François Baroin, a demandé, tout de suite après que Standard and Poor’s a reconnu que son alerte a été publiée par erreur, qu’une enquête soit ouverte par l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) pour savoir ce qui s’est passé. Est-ce un acte de malveillance délibéré destiné à discréditer la France ? Veut-on précipiter la France dans la situation de la Grèce et de l’Italie qui ont perdu respectivement leur Premier Ministre et leur Président du Conseil ? Le risque est réel. D’autant plus réel que quelques jours avant, on apprenait que l’agence Moody’s mettait sous surveillance la note de la France, en se posant clairement la question de savoir si la France méritait toujours son triple A d’une part, et que des rumeurs disaient que la banque Goldman Sachs conseillait à ses clients de « parier » sur la chute des places boursières européennes d’autre part.

La stabilité d’un Etat

Clairement, il apparait que de la décision de quelques financiers dépend la stabilité d’un Etat. Car la conséquence de tout cela, c’est que pour donner le change, les Etats multiplient les plans de rigueur : augmentation des impôts de toutes sortes, baisse de la participation de l’état dans les services publics, licenciement des fonctionnaires, allongement de l'âge de la retraite etc. Toutes décisions qui n’auront qu’un résultat : la multiplication des manifestations, des grèves et autres conflits sociaux. In fine, la déstabilisation des gouvernements en place.

Arriver au contraire du but recherché

Et le pire, c’est qu’avec de telles mesures d’austérité destinées à rassurer les agences de notations, on réussira l’exploit d’arriver au contraire du but recherché. Car si vous plongez les populations dans un tel stress, elles préfèreront consommer moins et épargner le peu qu’elles ont encore. Si la consommation baisse, la croissance de l’économie baisse. Et la récession guette. Et quand il n’y a pas de croissance, il y a moins de recettes pour l’État. Ce qui entraîne un pouvoir de remboursement de ses dettes moindre ! Et là, ces fameuses agences de notation auront une bonne raison de dégrader la note de l’État. Le cercle vicieux se sera installé sans qu’on sache comment en sortir. On marche sur la tête !

 

Il est temps que le courage politique reprenne le pas sur le diktat de la Finance !

 

M. Mady DANFAKHA

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30 octobre 2006 1 30 /10 /octobre /2006 11:33

Samedi, je venais à peine de mettre en ligne mon dernier post dans lequel je m’indignais de ce nouveau comportement inadmissible dans les banlieues françaises qui consiste à multiplier les incivilités. Sous prétextes de « fêter » l’anniversaire du début des émeutes de l’année dernière. Quitte à pourrir la vie de braves citoyens qui ne demandent qu’à vivre tranquillement. Et j’apprenais qu’à Marseille, des « jeunes » délinquants avaient mis le feu à un bus de la RTM (Régie des transports de Marseille) ! Et ce nouvel incendie de bus prenait un tour plus dramatique que les autres : une jeune franco sénégalaise, brûlée sur 70 % de la surface de son corps lutte aujourd’hui contre la mort !

Quand on lit, dans l’article du journal 20minutes, le témoignage d’un des hommes qui ont essayé de lui porter secours : «Cette femme noire perdait tellement de peau qu'on aurait dit qu'elle était blanche. Je ne pouvais la tenir par aucun endroit tellement elle souffrait » ou « Elle criait : “Ne me lâche pas, je ne veux pas mourir” »… on est submergé par un mélange de colère et d’indignation indescriptible ! Je suis en ce moment traversé par des sentiments et des envies que la décence m’interdit de dire ici. Les médecins marseillais répétaient, il y a encore deux minutes, que cette jeune femme est toujours entre la vie et la mort. J’espère de toutes mes forces qu’elle s’en sortira. Même si nous apprenons que si elle survivait, elle aurait de lourdes séquelles irréversibles ! C’est terrible !

 Alors vous comprendrez aisément, vous qui lisez ces lignes, que je souhaite que les auteurs de cet acte ignoble, imbécile et criminel soient recherchés, traqués sans relâche, retrouvés, jugés et condamnés avec la dernière rigueur. A ce propos, je suis heureux d’apprendre que ce genre de crime fait encourir à ces auteurs trente ans de réclusion criminelle en France ! Parce qu’aujourd’hui, je crois qu’il faut absolument faire payer ces salauds criminels. L’impunité a trop duré ! Et tout doit être mis en œuvre pour les livrer à la justice.

Et je voudrais dire à ceux savent quelque chose qui pourrait permettre d’arrêter les auteurs de ce geste abject et qui se taisent : il y a des moments où la peur ne justifie plus le silence. Il faut justement que cette peur change de camp. Il faut faire passer définitivement à ces êtres immondes l’envie de recommencer. Et il faut dissuader aussi définitivement ceux qui auraient des envies de les imiter de le faire. C’est un acte citoyen de très grande portée si vous êtes républicain laïc, c’est un acte de foi si vous êtes croyant. Quelque soit, par ailleurs le Dieu dans lequel vous croyez. Toutes les religions considèrent qu’attenter à la vie humaine est la pire abomination qui soit ! Par conséquent, si vous savez quelque chose, aidez la police à les coincer.

Puisse cette jeune femme s’en sortir.

 

M. Mady DANFAKHA

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28 octobre 2006 6 28 /10 /octobre /2006 17:40

Ce vendredi 27 octobre 2006, une partie de la France s’est inclinée devant la mémoire des deux jeunes de Clichy Sous Bois (ville de la banlieue parisienne) morts électrocutés il y a deux ans dans un transformateur électrique, après une course poursuite avec la police. Toute perte de vie humaine est douloureuse. Quand il s’agit de deux adolescents, et dans les circonstances que l’on sait… L’émotion était palpable. Le recueillement a été digne.

Cet événement malheureux avait été le point de départ de trois semaines d’émeutes qui ont mis le feu aux périphéries des grandes villes françaises. J’en ai déjà longuement parlé dans les colonnes de ce blog. Dans un premier article, je m’étais penché sur les causes profondes de cette folie incendiaire qui avait pris des allures suicidaires. Ensuite, j’ai tenté d’en tirer les enseignements. Il paraît qu’ on apprend toujours plus de nos échecs que de nos réussites. Comme je n’ai aucun doute sur le fait que ces évènements de l’année dernière illustrent un échec patent d’une certaine façon de gérer les problèmes de la partie la plus vulnérable de la société, je suppose qu’une fois que les leçons seront tirées, on aura beaucoup appris !

Aujourd’hui, mon propos n’est donc pas de revenir sur les évènements consécutifs à la mort de Bouna Traoré et Zyed Benna, mais de dire stop ! Stop à une dérive qui n’a plus rien à voir avec un quelconque ras-le-bol. Avec quelque revendication sociale que ce soit !

Car enfin ! Comment peut-on justifier qu’un an après ce que nous avons vécu, des voyous – car c’est comme cela qu’il faut les appeler – se permettent encore de mettre le feu à des bus de transport public. De tenter ainsi de réinstaller la banlieue dans une ambiance suffocante. De nous faire un remake de l’automne 2005, sans aucune légitimité. Si tant est qu'on puisse légitimer la violence ! C’est intolérable. Et il faut le dire.

Le résultat de ces comportements imbéciles : mettre un peu plus en difficulté des femmes et des hommes qui sont déjà en situation sociale précaire. Ceux qui ont péniblement réussi à avoir un emploi ont, dans ces quartiers, du mal à se rendre à leur travail aujourd'hui. Ceux qui en cherchent auront encore plus de mal à en trouver. La stigmatisation va crescendo. Et je ne parle même pas de l’exemple catastrophique donné aux plus petits qui finissent par croire que c’est normal de jeter des cailloux sur les policiers et les pompiers, que brûler un bus est un jeu très marrant ! Non ! Non ! Et non ! Ce n’est pas vrai ! Aujourd’hui, il est plus qu’urgent de se battre contre cet état de fait.

Bien sûr que la mixité sociale est actuellement une sorte Graal en banlieues. Bien sûr que l’écrasante majorité des populations habitants de ces quartiers est d’origine africaine (maghrébine ou négro-africaine, qu’importe !). Bien sûr que la discrimination à l’embauche ou au logement est une réalité. Les raisons de réclamer un changement de la situation ne manquent certainement pas. Mais est-ce une raison de continuer à se tirer des balles dans le pied ? Il faut se battre certes. Mais de façon responsable. Et être responsable, c’est dire deux ou trois choses simples mais claires pour remettre les idées en place. Et arrêter ainsi avec des clichés trop faciles.

D’abord, la police française n’est pas contre les populations d’origine africaine. Quand bien même, on trouverait dans ses rangs d’authentiques racistes qui rêvent tous les matins en prenant leur poste de « se faire un petit bronzé ». Ceux-là on les combat, par la loi. Et nous ne sommes pas en 1977 dans les rues de Johannesbourg ou de Sowéto !

La France n’est pas un pays raciste. Quand bien même on y croiserait des hommes et des femmes qui rêvent encore d’une France monocolore, que dis-je… d’une France décolorée ! Ceux-là sont une minorité, même si leur pouvoir de nuisance est inquiétant. Il faut les traquer et les traduire devant les tribunaux de la république. La loi française en donne largement les moyens.

Quand on est né de parents d’origine africaine, ce n’est pas foutu d’avance. La république française offre la possibilité de se hisser très haut dans la société. A condition d’y croire, et de se battre pour faire exploser le « plafond de verre ».

C’est absolument faux de dire que la carte d’électeur ne sert à rien. Le bulletin de vote est l’arme absolue en démocratie. Voter est le geste ultime de l’expression citoyenne. Il y en a d’autres. Mais celui-ci est redoutable et … redouté ! De toutes façons, comme disait quelqu’un de très inspiré : « si vous ne vous occupez pas de la politique, la politique s’occupera de vous ! »

Jouer les caïds de banlieues est devenu ringard ! Aimer l’école, aimer apprendre, s’élever par le savoir, aller chercher les diplômes les plus élevés , intégrer les écoles les plus prestigieuses, être utile à son pays… Oui, ça c’est à la mode. Et c'est possible. Intégrer Sciences Po ou l’X (l’Ecole polytechnique) quand notre papa a été éboueur dans les rues de Paris, Lyon ou Marseille. Oui, ça c’est le pied ! Alors qu’on arrête de présenter à nos gamins ces cancres de 20 ans qui après un deal de quelques kilos de cocaïne roulent en cabriolet BMW ou Saab. Comme on dit au Sénégal, on finira par leur « cacher le soleil » !

Il est plus que temps d’arrêter avec ce discours de compassion vis a vis de voyous qui ne font que nuire à ceux qu’ils utilisent comme prétextes. Soyons responsables. Le combat est ailleurs. Autrement.

 

M. Mady DANFAKHA

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10 mai 2006 3 10 /05 /mai /2006 19:32

Ce mercredi 10 mai 2006, la France commémore la mémoire de l’esclavage, de la traite négrière et de leurs abolitions. C’est la première fois, en France, qu’une journée est consacrée au souvenir de ces pages sombres de l’histoire humaine. Et cette date du 10 mai est désormais inscrite dans le calendrier de la république française par la volonté de son président, monsieur Chirac.

En effet, c’est en janvier dernier que le chef de l’Etat français a pris la décision de faire du 10 mai de chaque année une journée commémorative du souvenir de l’esclavage et de son abolition. Et cela pour, comme l’a précisé ce mercredi 10 mai 2006 monsieur Chirac lui-même, « regarder tout notre passé en face, sans concession mais sans rougir ». Voila qui est pour le moins clair et précis. Et pourtant que de polémiques, que de prises de positions et que d’incompréhensions aura suscitées cette décision du président français. Pour ma part, je trouve qu’une telle journée était non seulement nécessaire mais qu’elle ne doit être que le début de quelque chose. Le début d'un processus. Celui qui doit amener chaque Français - quelque soit son origine par ailleurs - à mesurer le poids de l'histoire commune. Pas un aboutissement.

Avant de vous dire pourquoi pour moi il était important qu'un jour soit dédié à la mémoire de ces faits, je voudrais saluer cette décision du président Chirac. Il fallait le faire. Il l’a fait. On peut penser ce qu’on veut de son action à la tête de la France , l’Histoire, elle, retiendra qu’il est le président français qui a pris cette décision. Le commerce abominable des Noirs a été aboli en France depuis plus d’un siècle et demi. Combien d’hommes ont dirigé ce pays depuis ? Il en fallait un pour dire qu’il faut une journée pour que la république rende hommage à ceux qui ont été victimes de cet innommable traitement. Il a été celui-là.

Je parlais plus haut des polémiques qui ont entouré cette célébration. La première est venue de… la communauté noire elle-même ! Eh oui. Les Noirs de France de France se sont déchirés sur la date à retenir. Certains voulaient que la journée officielle soit célébrée le 23 mai (car le 23 mai 1998 a eu lieu la première manifestation d’envergure à Paris pour réclamer la reconnaissance de ce crime contre l’humanité qu’a été l’esclavage), d’autres voulaient la date du 27 avril (c’est le 27 avril 1848 qu’est paru le décret abolissant l’esclavage en France). Le président a choisi le 10 mai date anniversaire du vote d’un texte de loi porté par la députée guyanaise Christiane Taubira qui faisant de la Traite négrière et de l’esclavage des crimes contre l’humanité. Soit. Je trouve cette polémique inutile et dangereuse car elle ne peut que saper l’unité nécessaire à des gens qui se battent pour leurs droits de citoyens.

La seconde polémique est celle-là plus sérieuse et autrement plus inquiétante : elle vient de ceux qui sont partisans du statu quo. En effet pour eux, tout va bien. Dormez braves gens, il n’y a que les fauteurs de troubles pour oser réclamer une journée en mémoire de la Traite des Noirs. Et en plus, «  la France n’a pas à s’excuser en permanence de ce qu’elle a fait » et puis « y en a marre de cette repentance permanente »… Les initiateurs de ce courant sont venus naturellement de l’extrême droite politique. Mais très vite des gens de la société civile à qui on ne connaissait pas de tels penchants se sont mis eux aussi à trouver « inopportune » cette décision du président de la république. Bref, ils ne veulent surtout pas entendre parler de commémoration de quoi que soit d’autres que des victoires, des hauts faits de Grande et Puissante France d’antan ! A ces gens j’ai envie de dire : « vous n’y êtes pas du tout ! » Car enfin, il faut être aveugle et sourd pour ne pas se rendre compte de ces sortes de vies parallèles que mènent deux parties d’une même société. Combien de discriminations faudra-t-il constater, combien d’émeutes faudra-t-il déplorer dans les banlieues, combien de crimes racistes sur les bords de Seine il va falloir supporter pour comprendre que ce devoir de mémoire est absolument nécessaire. Pour comprendre que c’est une des voies de l’apaisement de la cohabitation entre tous les membres de la communauté nationale.

Cette journée, c’est moins pour ressasser des rancoeurs que pour se dire : « plus jamais ça ! ». De se dire : « des hommes ont été capables de cela aussi ! ». Pour avancer de façon positive. Et dans la continuité de cela, je pense que les historiens de tous bords devront commencer à se pencher sérieusement sur cette période et nous faire partager les résultats de leurs recherches à travers des ouvrages à grande diffusion (et pas seulement cantonnés aux milieux universitaires). Juste pour que l'on sache. Comme cela a été bien et utilement fait pour la barbarie nazie contre les juifs. Entendons-nous bien : il ne s'agit pas de comparer, ni de hiérarchiser les souffrances ! Pas de « à horreur, horreur et demi ! » Il s'agit simplement de combattre l'ignorance. Car, à mon avis, c'est l'ignorance qui est à la base la plupart de nos malentendus et de la persistance de certains clichés.

 Car au-delà des demandes de reconnaissance de crimes des uns et des refus de repentance permanente des autres, il y a un vrai problème aujourd'hui autour de la question des Noirs de France . Et, pour moi, ce malaise qui empêche de vivre ensemble de façon harmonieuse, prend sa source dans une sorte de résidu de complexe de supériorité fortement nostalgique des uns d'une part et d'une réelle difficulté à se débarrasser de l'habit du "colonisé", de la "victime" de traite négrière, de l'originaire du continent le plus "malheureux" etc. d'autre part. Et tout cela parce que les choses ne sont pas dites, ne sont pas expliquées et ne sont pas, in fine, comprises. C'est pour cela qu'il me paraît important qu'il y ait une date pour s'arrêter, réfléchir, dire et expliquer les choses.

 Dans le même ordre d’idées, je pense que c'est une excellente chose que l'article 4 de la loi du 23 février 2005 sur le « rôle positif de la colonisation » soit supprimé et non « réécrit ». Voila une maladresse qui aurait pu avoir des conséquences catastrophiques sur le « mieux vivre ensemble » auquel nous devons tous aspirer.

Finalement cette première journée de la mémoire a bénéfié du service minimum : une inauguration par le président de la république d'un monument au parc du Luxembourg à Paris, quelques actions symboliques dans certaines écoles (lecture de poèmes de Senghor et de Césaire) et quelques conférences. Espérons qu'avec le temps, cette journée connaîtra un peu plus d'ampleur. Pour que les choses soient dites. Et surtout mieux entendues, donc mieux comprises. Pour qu'un jour, un Français à la peau noire oublie qu'il a la peau noire. Et qu'il se revendique juste comme un Français qui aime son pays.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour en savoir plus :

 

 

 

 

 

- La documentation sur l'esclavage mise en ligne par l'émission Thalassa de la chaîne française France 3, après un formidable numéro diffusé le vendredi 05 mai 2006 intitulée "esclavages d'hier et d'aujourd'hui".

- Toujours sur le site de l'émission Thalassa, les liens utiles pour aller plus loin sur le sujet.

- Lire l'interview de Boubacar Joseph Ndiaye, le conservateur de la Maison des esclaves de Gorée au large de Dakar (au Sénégal), sur Afrik.com.

 

M. Mady DANFAKHA

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21 avril 2006 5 21 /04 /avril /2006 08:37

Hier, en écoutant Radio France International (RFI), la radio qui me permet de rester en contact avec le Sénégal et l’Afrique, un petit reportage m’a fait sursauter. Il s’agissait de l’entretien accordé à RFI par monsieur Thierry Frémaux, directeur artistique du Festival de Cannes 2006. Dans cette interview, en parlant de la présence de messieurs Souleymane Cissé (dans le jury de la Cinéfondation et des courts métrages) et Abderrahmane Sissako (qui présente, hors compétition, son film Bamako), monsieur Frémaux a souligné que « l’Afrique est un pays... » qui comptait beaucoup pour les organisateurs du Festival de Cannes ! Allons donc ! L’Afrique serait un pays ! Je ne me permettrais pas de douter de l’intérêt que porte ce monsieur au continent noir, mais tout de même ! Quand on confond continent et pays, au mieux il s’agit lapsus révélateur… (de quoi d’ailleurs ?), au pire, il s’agit d’un manque d’intérêt évident voire d’une méconnaissance totale de l’Afrique. Dans les deux cas, la démonstration de l’intérêt que porte le Festival à ce continent entier qu’est l’Afrique est faussée. Comment peut peut-on montrer de l’intérêt (dans le sens noble du mot) pour un continent qu’on réduit, dans ses propos, à un pays !

Je ne me serais sûrement pas arrêté à cette « petite bourde » de monsieur le Directeur artistique du Festival de Cannes si je n’avais constaté cette propension de beaucoup (beaucoup trop pour moi) de gens, en France, de parler de l’Afrique comme d’un pays. Alors que ce continent compte plus de 50 Etats souverains ! Et c’est, pour le moins, énervant. Pour ces gens, l’Afrique est devenue tellement quantité négligeable que ce n’est même plus la peine de distinguer le Nigéria du Mali ou la Cote d’Ivoire du Zimbabwé. C’est tout pareil. Tous des Etats noirs, pauvres, et empêtrés tous dans toutes sortes de difficultés. Les pires fléaux s’y déroulent. Voila, c’est la même chose partout. Alors on réduit tout cela à un pays qui s’appelle l’Afrique. On en est là. Dans certains esprits. Et c’est catastrophique. Parce que derrière une telle réduction se cache une condescendance, un paternalisme, voire – par moments – un mépris qui font le lit de toutes les xénophobies (cachées ou avouées) et de toutes les incompréhensions. Et ce n’est pas tolérable, surtout de la part de personnalités qui ont la chance de voyager, de rencontrer d’autres cultures, d’autres pays.

Et cela me rappelle une scène que j’ai personnellement vécue, alors que j’étais étudiant en province. A la cafétéria de la cité universitaire un étudiant Sénégalais qui discutait avec moi en Wolof (une des langues nationales du Sénégal) s’est vu apostropher par un des ses copains de fac, Français, en ces termes : « je ne me suis pas trompé, tu lui parlais en Africain ? » et l’autre de répondre du tac au tac : « parce que toi, tu me parles en Européen peut-être ! ». Réduction… quand tu nous tiens !

 

M. Mady DANFAKHA

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15 avril 2006 6 15 /04 /avril /2006 17:43

Il y a un an exactement, le 15 avril 2005, l'Hôtel "Paris Opéra" brûlait dans un incendie aussi stupide que meurtrier : 24 morts dont 10 enfants. C'était le début d'une série terrible d'incendies d'immeubles ou d'hôtels abritant des Africains. La communauté africaine de la capitale française allait payer un lourd prix : une cinquantaine de morts ! Arrêtons-nous pour nous souvenir. Pour que jamais cela ne recommence.Une marche silencieuse est prévue ce samedi 15 avril 2006, à partir de 17 heures, rue de Provence.

Relire l'article 1 et l'article 2 que Jdsblog a consacré à ces incendies meurtriers.

M. Mady DANFAKHA

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18 décembre 2005 7 18 /12 /décembre /2005 20:41

Aujourd'hui, les émeutes qui ont embrasé les banlieues françaises sont derrière nous. Les quartiers pudiquement dits "sensibles" ont retrouvé leur calme. Plus de voitures incendiées tous les soirs. Plus d'ouverture de journaux télévisés avec "1322 véhicules brûlés, soit une augmentation de...". Plus d'images d'envoyés spéciaux des chaînes de télévision du monde entier "en direct de" (ou "live from", c'est selon !) sur fond de courses poursuites entre policiers et jeunes émeutiers ! Les habitants des villes qui ont été le théâtre de ces violences urbaines peuvent désormais dormir la nuit. Et c'est tant mieux. N'en déplaise à certains pyromanes d'un autre type qui avaient vu dans ces évènements une occasion inespérée de nous rejouer le "choc des cultures" et qui ont applaudi à tout rompre à l'instauration de l'état d'urgence dans le pays.
Il me semble que l'heure de la réflexion loin des passions, puis de l'action salutaire  est venue. Il me semble qu'après ce que nous avons vécu, on doit être amené à chercher sérieusement les causes profondes d'une telle situation et à chercher tout aussi sérieusement les solutions durables qui permettraient de ne plus vivre un tel chaos social. Il en va de l'intérêt de tous ceux qui vivent dans ce pays. Et pourtant ce n'est pas vraiment ce que je constate. Les voitures calcinées ont à peine refroidi que des responsables politiques, des leaders d'opinion, des intellectuels de renom se sont mis à étaler dans la presse écrite ou devant les micros et caméras leur "explication des causes" de ce qui venait de se passer. Et ces initiatives sont loin d'être heureuses.

C'est Hélène Carrere d'Encausse, membre de l'académie française, qui envoie la première salve. Dans une interview accordée à la chaîne de télévision russe NTV, elle disait ceci : " Ces gens, ils viennent directement de leurs villages africains. Or la ville de Paris et les autres villes d'Europe, ce ne sont pas des villages africains. Par exemple, tout le monde s'étonne : pourquoi les enfants africains sont dans la rue et pas à l'école ? Pourquoi leurs parents ne peuvent pas acheter un appartement ? C'est clair, pourquoi : beaucoup de ces Africains, je vous le dis, sont polygames. Dans un appartement, il y a trois ou quatre femmes et 25 enfants. Ils sont tellement bondés que ce ne sont plus des appartements, mais Dieu sait quoi ! On comprend pourquoi ces enfants courent dans les rues." Et vlan ! Ces propos se passent de commentaires. La chasse était ouverte. Haro sur le baudet africain. Et pan sur la polygamie, cette calamité apportée par les Africains sur le sol français. Les clichés ont la vie dure, mais tout de même ! Le ton étant donné, un ministre du gouvernement, Gerard Larcher s'est cru obligé d'ajouter que "la polygamie était responsable des dernières violences urbaines" !

Dans le même temps, Claude Imbert, éditorialiste de l'hebdomadaire "Le Point" prit sa plume pour quelques explications. Je le cite : "Car enfin, le déferlement, depuis trente ans, d'une immigration incontrôlée si étrangère à nos croyances, à nos mœurs et à nos lois avait d'ailleurs compromis le lent travail de biologie sociale que requiert une intégration heureuse, et d'ailleurs nécessaire. Le flux - celui surtout d'Afrique noire – sans cesse grossi par le regroupement familial – voire polygame, loin d'irriguer calmement la nation, aura constitué ces poches stagnantes où grouillent de mauvaises fièvres."  C'est dit. Je me dois de vous préciser que monsieur Imbert n'en est pas à sa première provocation. En septembre 2002, il écrivait dans son journal un éditorial qui laissait peu de place au doute quant à ses sentiments vis a vis de l'islam et des musulmans (cliquer ici pour lire le texte intégral). Il commençait son éditorial avec ces mots : " « La plus con des religions » : le mot de Houellebecq est à l'emporte-pièce. Mais il exprime un jugement lapidaire partagé par une majorité de Français. En français de bistrot, il veut dire « la religion la plus obscurantiste ». Que des bigots de la clique islamique songent à le faire condamner en justice laisse pantois. Où se croient-ils donc ? Au Yémen, au Nigeria ? Pensent-ils qu'un tribunal français puisse censurer l'irrespect sceptique d'une tradition laïque qui est, chez nous, l'oxygène de la République ? Voltaire, qui l'eût cru ? ". Cela a le mérite d'être clair.

Quelques jours après ces sorties, pour le moins tranchées, c'est un philosophe français de renom, Alain Finkielkraut qui jette à son tour un pavé dans la marre. Dans une interview donné au quotidien israelien Haaretz, cet intellectuel de renom et très médiatique a eu ces propos : "on voudrait réduire les émeutes en banlieue à leur dimension sociale or la plupart des émeutiers sont noirs ou arabes avec une identité musulmane. C'était une révolte à caractère ethnique et religieux" ! Comme entrée en matière, c'est du lourd ! Et le reste de l'interview est à l'avenant. Même si monsieur Finkielkraut a essayé maladroitement de se dédouaner, après le scandale provoqué par cet entretien dans le quotidien israelien, sur les ondes de la radio française Europe1 chez Jean-Pierre Elkabbach, le mal était fait ! Il a même tenté de présenter des excuses très peu convaincantes.

Ces quelques exemples montrent à quel point ces émeutes de banlieues ont fait tomber bien des masques. Désormais, l’opinion publique sait que ce n’est pas seulement de l’extrême droite qu’il faut se méfier.

Malgré tout, je reste optimiste sur l’avenir de la France en tant que nation multiraciale, métissée et même multiculturelle. Parce que c’est le sens de l’histoire. Et ce pays sera fort et rayonnant justement parce qu’il sera composé d’hommes et de femmes venus d’horizons divers, de cultures différentes, de religions différentes et ayant un même amour du pays qui les a accueillis. Un même attachement au rayonnement de ce pays qui est désormais le leur. Pour lequel ils seront prêts à se battre sans retenue. Pourvu seulement qu’on leur donne des raisons de croire qu’ils sont chez eux. Qu’ils ont les mêmes droits et devoirs que les autres. Les mêmes chances aussi. Ce n’est pas de l’angélisme. Cette vision fait partie du champ des possibles.

Pour que cela devienne réalité, il faut bien sûr des moyens mais surtout une vraie volonté politique d’y arriver. C’est pourquoi, aux politiques de tous bords, je demanderai de mesurer la responsabilité historique qui est la leur aujourd’hui et d’accepter d’aller dans le sens de l’histoire. Aux habitants des banlieues françaises, surtout aux plus jeunes, je demande de se saisir désormais de l’arme absolue : la carte d’électeur. Engagez-vous, faites des choix, votez pour que les choses changent. Prenez au mot les hommes et femmes politiques. Aujourd’hui, vous entendez beaucoup de promesses d’un meilleur vivre. Montrez-leur que vous pouvez décider de votre avenir sans violence, de façon responsable et respectueuse des lois et règlements. Il en va de votre avenir, de celui de votre pays. Ne laissez pas d’autres décider à votre place.

Les Hélène Carrere d’Encausse, Claude Imbert et autres Alain Finkielkraut passeront. La France , votre pays, restera. Elle sera ce que les Français en feront, tous ensemble, d'où qu'ils viennent.

Malgré tout ce qu’ils peuvent dire ou faire, ces jeunes Français, dont les Français sont venus chercher un mieux être en France, aiment leur pays ! Malgré tout ce qu’on essaie de nous faire  croire depuis ces malheureuses journées d’émeutes. Ces gamins aiment leur pays, ils n'aiment pas ce qu'il est devenu à force de politiques de l'autruche. Il y a juste un décalage entre ce qu’ils sont en droit d’attendre et ce qui se passe réellement autour d’eux. La France a les moyens de changer cet état de fait si tant est que ses dirigeants en aient la volonté.

Lire le verbatim de l'interview d'Alain Finkielkraut chez J.-P. Elkabbach

Ecouter Alain Finkielkraut interviewé par Jean-Pierre Elkabbach sur Europe1

 

M. Mady DANFAKHA

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11 novembre 2005 5 11 /11 /novembre /2005 00:00

Depuis une quinzaine de jours, la France entière vit une de ses crises sociales les plus graves : les banlieues des grandes villes sont en feu ! Au sens figuré, mais surtout - et c'est le plus grave - au sens propre ! Les voitures d'abord, puis les bâtiments publics y compris les écoles. Tout flambe ! La situation est tellement grave que le premier ministre a eu recours à une loi d'exception : l'état d'urgence ! Et pourquoi tout cela ? Comment en est-on arrivé là ?

Au départ, il y a la mort tragique de deux jeunes garçons. Se croyant poursuivis par la police (qui s'occupait de quelques délinquants du coin), ces gamins se sont réfugiés dans un local qui abritait un transformateur électrique d'EDF (Electricité de France, la compagnie nationale de fourniture de l'électricité). Ils sont malheureusement morts électrocutés par la très haute tension qui passait par ce lieu. C'est sûr que la mort d'enfant est toujours insupportable. Surtout dans ces conditions. On comprend alors la douleur des proches de ces deux adolescents. Ils ne se doutaient cependant peut-être pas, et nous avec, que ces évènements tragiques allaient fournir le prétexte à un embrasement des quartiers pauvres de toute la France. Pour une meilleure compréhension du déclenchement de cette crise, il n'est pas inutile de préciser que le ministre de l'intérieur, monsieur Nicolas Sarkozy, lors d'une visite à Argenteuil ( en banlieue parisienne ) avait eu des propos à l'endroit des jeunes du quartier qu'il visitait qui ont eu du mal à passer. Il avait promis aux habitants de les débarrasser de "la racaille" qui les empêchait de vivre tranquillement. Bien sûr, les jeunes désoeuvrés du coin n'ont pas aimé qu'on les traite de "racaille". En disant cela, je suis dans l'euphémisme ! Si on ajoute que quelques jours avant, d'autres jeunes s'étaient vus promettre par le même ministre de l'intérieur un "nettoyage au Kärcher" de leur ville ! Pour mes lecteurs non européens, Kärcher est une marque d'appareils électroménagers qui est célèbre en France pour ses nettoyeurs haute pression qui servent à nettoyer des endroits ou des surfaces vraiment sales ! Ces propos sont, pour le moins, malheureux dans ces lieux de vie difficile que sont devenues les banlieues des grandes villes françaises. Aujourd'hui, le calme semble revenir doucement. Pourvu que cela dure. C'est peut-être le moment de chercher pourquoi toutes ces nuits dernières, des voitures brûlent, des affrontements entre forces de l'ordre et émeutiers se reproduisent devant les caméras de télévisions. A mon humble avis, ces actes incensés et d'une rare violence sont le résultat d'une accumulation de frustrations d'abord, une incroyable instrumentalisation politique, sans réelle volonté de changer les choses, du "monde des banlieues" depuis plusieurs décennies ensuite.

D'abord l'accumulation des frustrations. Il faut savoir que l'écrasante majorité de ces jeunes émeutiers partagent le fait d'être : de nationalité française, d'origine négro africaine ou maghrébine, en rupture scolaire ( beaucoup ont quitté l'école en troisième sans diplôme ), au chômage sans perspective d'avenir claire. C'est un cocktail explosif, vous en conviendrez avec moi. Une cocotte minute sans trou pour évacuer la vapeur ! Sur le feu depuis des décennies ! N'imaginez pas le résultat : vous l'avez sous les yeux depuis une quinzaine de jours. Les morts malheureuses des deux jeunes dans le transformateur électrique EDF, les propos du ministre de l'intérieur n'ont été finalement que des prétextes qui ont permis au feu qui couvaient de prendre réellement. La France est, quand on se réfère à sa Constitution, un des pays les plus justes et égalitaires au monde. Sa devise - Liberté, Egalité, Fraternité - est une des plus belles que l'on puisse trouver. Mais dans la réalité de la vie de tous les jours, des injustices inadmissibles ont été traitées à la légère, voire tolérées pendant des années. Etre Noir ou Arabe est devenu un véritable handicap pour beaucoup trop de gens ! Je ne vais pas faire ici la liste complète de toutes les petites ou grandes injustices que vivent tous ceux qui sont un peu trop bronzés de peau. Je vais cependant en citer quelques unes qui vous montrent comment, ou pourquoi, on peut glisser facilement vers le découragement voire le désespoir.

D'abord dans le domaine le plus important pour tout être humain aujourd'hui : l'emploi ou l'activité professionnelle. Il y a quelques années, un jeune Français d'origine tunisienne, diplômé Bac+5 en finances et comptabilité, avait pu parler de ses difficultés à trouver du travail du fait de ses "origines". Il a eu l'idée, après des centaines d'envoi de CV (curriculum vitae) en vain aux banques et institutions financières pour avoir un entretien, de mettre un nom et un prénom bien "français" (du genre Thierry Dupont) sur son CV. Et le "miracle" se produisit. Il reçut, d'une banque avec laquelle il avait essuyé un refus poli, dans la semaine une lettre l'invitant à rencontrer le DRH (directeur des ressources humaines) pour un entretien préalable à l'embauche ! Avec, s'il vous plaît, des phrases du genre : "votre profil et votre parcours nous ont interressé au plus haut point. C'est pourquoi nous souhaitons vous rencontrer..." ! Tout cela alors que le CV était exactement le même que celui qui avait rencontré un refus poli. Cela s'appelle de la discrimination à l'embauche. Et théoriquement, en France, la loi punit toute discrimination liée à la race, au sexe, à la religion etc. On pourrait citer des tas d'exemples de ce type pour des personnes de race noire aussi. Imaginez alors, si ce genre de discrimination arrive à un diplômé Bac+5, ce que peuvent vivre des milliers de jeunes adultes qui ont quitté l'école trop tôt et sans diplôme !

Le deuxième domaine où la discrimination liée aux "origines" fait des ravages dans le pays, c'est le logement. Là aussi, il faut savoir que la couleur de peau est devenue un argument d'attribution de logement. Cela a commencé dans le privé où certaines agences immobilières vous disent carrément, et avec le sourire s'il vous plaît, "le propriétaire ne souhaite pas louer son appartement à une personne de couleur". Nous sommes désolés !" . No comment ! Aujourd'hui ce qui est grave, c'est que cette discrimination au logement atteint le secteur public. En effet, dans l'attribution de logement social du parc public, aujourd'hui des familles d'origine africaine ou arabe peuvent attendre quinze ans avant de se voir attribuer un logement HLM ! C'est impensable dans certaines couches de la population. Et du coup ces malheureux s'entassent dans des immeubles insalubres au risque d'y perdre la vie (voir l'article de Jds.blog sur les incendies de Paris) ou d'hypothéquer l'avenir de leurs enfants. Et quand les familles obtiennent enfin une HLM (habitation à loyer modéré), "on" s'arrange pour que le logement soit situé dans un immeuble déjà occupé par d'autres familles d'immigrés ! Ce qui m'amène à un autre constat.

Aujourd'hui, beaucoup trop d'enfants de parents immigrés ont du mal à l'école. Ce n'est sûrement pas à cause d'une sorte de tare congénitale liée à leur origine. Ou d'une quelconque prédisposition à la délinquance et au refus de l'école ! Mais quand on voit la précarité dans laquelle vivent certaines familles, on comprend que la réussite scolaire va relever du miracle. Quand on y ajoute qu'aujourd'hui, la seule porte de sortie qu'offre le système scolaire scolaire français est l'apprentissage (en clair une voie professionnelle très tôt : à 16 ans !), et que trouver un stage n'est pas facile quand on habite ces quartiers "sensibles" qui sont en flamme aujourd'hui, on comprend alors l'impasse dans laquelle sont engagées toutes ces forces vives d'un pays comme la France.

Je passe rapidement sur ce que j'appelle les "petites misères quotidiennes" de tous les "bronzés naturels" français : difficultés à rentrer dans certaines boîtes de nuit, contrôle policier régulier "au faciès" quand on se promène la nuit, surveillance "rapprochée" dès qu'on entre dans un magasin, vérification électronique du billet de banque qu'on vient de donner à la caissière alors le copain blanc vient de donner la même coupure sans provoquer autant de méfiance etc.

Tout cela se passe quotidiennement. Les pouvoirs publics ne peuvent pas dire qu'ils ne savaient pas. Toutes sortes de signaux d'alerte ont été donnés. Le mouvement associatif alerte tous les jours les dirigeants de ce pays. SOS Racisme, le MRAP (mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) et d'autres font du "testing" (exemple : deux membres de l'association, l'un blanc et l'autre noir, essaient de louer un appartement : le noir essuie un refus, le blanc arrive à avoir l'appartement), et montrent régulièrement la réalité des discriminations raciales. Et personne ne fait rien. Ou si peu. Dominique de Villepin a bien mis dans son gouvernement un sociologue d'origine maghrébine,  Azouz Begag, comme ministre chargé de "l'égalité des chances" ! Sauf que ce dernier est traité en sous - ministre par ses collègues du gouvernement. Et pendant ce temps, les discriminations continuent quand même.

Tout cela crée forcément une montagne de frustations, d'humiliations et autres vexations enfouies qui finissent par exploser un jour. Un chiffre : le taux de chômage des moins de 25 ans dans certaines banlieues françaises atteint 50 % ! Pendant que la moyenne nationale est autour de 10 %. On comprend alors que ces jeunes ont mal à leur "francité". Excusez ce néologisme qui signifie simplement un ensemble de valeurs et de sentiments d'appartenance à la communauté nationale. Ils ont dans la poche une Carte Nationale d'Identité française et ont le sentiment qu'ils ne font pas partie de ce pays. Il ne faut pas chercher ailleurs les causes de cet embrasement de la banlieue.

Aujourd'hui, il faut naturellement en appeler au calme. Je trouve dommage que ces jeunes brûlent les voitures des habitants de leurs propres quartiers. Ces gens sont leur compagnons de "galère". Et n'ont pas plus de moyens qu'eux. C'est absurde ! Et de toutes façons, rien ne se réglera dans la violence. Il faut en être convaincu.

Aux pouvoirs publics maintenant de prendre toutes les mesures pour qu'enfin un jeune français dont les parents viennent d'ailleurs ne se sente plus Français de seconde catégorie ou de de seconde zone. Il en va de l'avenir de ce pays. Ce serait trop dommage que ce pays, qui par bien des aspects est formidable, ne régresse. Simplement parce que ses responsables ont regardé ailleurs pendant trop longtemps.

Lire l'interview dans Libération de Trevor Phillips : "La France nie la question ethnique"

La vision de la presse africaine selon Libération

Le quotidien Le Monde se penche sur l'echec de la politique de la ville

L'émission "J'ai rendez-vous avec vous" de la chaîne française France 2 du 27 novembre 2005 animée par Rachid ARHAB

 

M. Mady DANFAKHA

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